
De passage à Paris sur invitation de l’Association pour la promotion de la culture et la langue soninké (APS) pour rendre hommage au grand homme, feu Diadié Soumaré, Ibrahima Diawara, fondateur du groupe IBI Group présent dans plusieurs secteurs d’activités tels que l’industrie, le BTP, le transport, l’énergie, l’agriculture, l’ameublement entre autres, a été l’invité d’un media français dans l’émission “Face à nous’’. Il s’est prononcé sur les difficultés actuelles du Mali mais surtout proposé des pistes de sortie de crise dans une vision pragmatique.
Vu par certains comme un politicien prétendant à la Magistrature suprême, Ibrahima Diawara esquive : “Je ne suis pas un homme politique’’. L’entrepreneur et industriel malien pense que le Mali traverse des difficultés certes, mais que l’espoir est permis.
Décrit comme un grand entrepreneur, industriel, militant humanitaire et homme politique, Ibrahima Diawara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se résume lui-même comme “un Malien tout court, un simple citoyen malien, mais aussi un chef d’entreprise, un industriel qui est dans l’action sur le terrain et pas dans la politique.’’
Cette visite, selon Ibrahima Diawara, témoigne de l’exemplarité de feu Diadié Soumaré qui a marqué non seulement la diaspora malienne mais celle africaine en générale. “Voilà un monsieur qui arrive en France à l’âge de 18 ans, qui ne savait ni lire ni écrire, qui s’inscrit au cours du soir pendant 18 ans après le boulot et arrive à décrocher le diplôme d’expert-comptable. C’est un exemple pour nous tous. Et Diadié était au service de tout le monde : Maliens, Africains ou émigrés tout court’’ a-t-il salué.
Le patron de IBI group pense que Diadié est un “symbole de réussite pour les Africains’’ et, selon lui, cet hommage en valait la peine pour magnifier ce qu’il a fait pour les Maliens et les Africains.
Ibrahima Diawara nourrit-il des ambitions de gérer le Mali ?
Le mot politicien est aujourd’hui galvaudé au Mali car cette appellation rime avec le mensonge a-t-il souligné. “Je préfère dire que je suis dans l’action, je ne suis pas en politique, je suis un homme concret qui est dans l’action’’, a laissé entendre Ibrahima Diawara.
A la question de savoir si Ibrahim Diawara compte gérer le Mali un jour, il a répondu qu’il n’est pas un homme politique mais un entrepreneur, un industriel qui se bat pour son pays. ‘’Aujourd’hui, parler d’homme politique en Afrique est une insulte’’, déplore-t-il. Il a fait savoir qu’il participe à la gestion du pays en créant de l’emploi, participant à la réconciliation des communautés, à travers une Fondation qui fait des actions humanitaires et qu’il n’a pas besoin d’être ministre ou président de la République pour participer à la gestion du pays.
Au cours de cette visite, le président du mouvement Maliens Tout Court a profité pour rencontrer et échanger avec la communauté malienne, les amis du Mali et les jeunes Franco-maliens pour comprendre ce qu’ils pensent du Mali. “Quand on traverse une crise aussi profonde comme le cas du Mali, il faut échanger avec les gens de l’extérieur pour comprendre ce qu’ils pensent du Mali, comment ils voient, et leur vision sur le Mali’’, a-t-il martelé.
De ses explications, certains pensent que le Mali se trouvent dans un trou par la faute des Maliens, à cause de la mauvaise gouvernance. Le constat qu’il fait est que la diaspora rejette le tort sur les hommes politiques. Et face à ce désespoir affiché, le président de Maliens Tout Court a tenu un discours de confiance en rassurant la diaspora. “Mon rôle à moi, c’est de leur faire comprendre que tout n’est pas perdu. Il y a des pays qui ont traversé des moments plus difficiles que le Mali, et qui ont pu, par l’engagement et la volonté, sortir de ce problème’’, a-t-il dit, citant le Rwanda en exemple comme un pays ayant vécu un génocide qui a fait des millions de morts. Pourtant, de son avis, ce pays est un exemple de gouvernance et de réussite aujourd’hui.
Ibrahima Diawara a fait savoir aux Maliens vivant en France que la réussite du Mali viendrait des Maliens et non d’autres personnes. Pour lui, Il faut juste avoir “une vision et un leader visionnaire pour mener à bien ce projet de la bonne gouvernance’’. “Le Mali traverse des difficultés certes, l’espoir est permis’’, dit-il.
La diaspora est allée l’écouter parce qu’il ne fait pas partie des vendeurs du vent. “Vous au moins, vous êtes concrets, vous savez là où vous partez et on a vu, de manière concret, ce que vous avez réalisé avec votre mouvement Maliens Tout Court. Partout au Mali, vous avez parlé aux Maliens et vous êtes dans l’action, vous êtes un industriel et vous avez créé des emplois avec vos entreprises et vous êtes en train de montrer la voie à la jeunesse’’, a témoigné un membre de la diaspora malienne. C’est dire qu’aujourd’hui que les Maliens attendent les actions et non des discours et théories.
Pourquoi Maliens Tout Court ?
Après un tour d’horizon l’ayant conduit en Indonésie qu’il représente en tant que consul d’Indonésie au Mali et en Chine, Ibrahima Diawara a compris que de petites choses, on peut parvenir aux grandes. L’idée de mettre en place un mouvement pour promouvoir la paix et le mieux-être entre Maliens est née à la suite du massacre d’Ogossagou, le 23 mars 2019.
À travers une réflexion sur le Mali postée et qui a été relayée par des milliers de Maliens, Maliens Tout Court a créé avec ses amis pour réconcilier les communautés peuhles et dogons de Bandiagara ; à Goundam pour faciliter les échanges entre sédentaires et les nomades, à Tombouctou, le mouvement a discuté avec les nomades qui ont quitté la ville pour la brousse.
L’objectif premier de ce mouvement est de réconcilier les communautés. Après plusieurs, visite, dit-il, un constat s’est dégagé. “Le problème du Mali, j’avoue que c’est un problème de pauvreté’’, a conclu Ibrahim Diawara. Selon lui, quand les gens n’ont pas d’eau à boire, de plateau sanitaire, d’école, cela amène des frustrations. C’est de là qu’est partie l’idée de Maliens Tout Court avec l’initiative de faire des forages, donner des bourses d’études entre autres.
Parcours d’un entrepreneur
De 1995 à ce jour, le président du mouvement Maliens Tout Court est à la tête d’un conglomérat d’entreprises dans plusieurs domaines (l’aviation, le BTP, l’adduction d’eau, l’énergie, les transports, la recherche minière, …) dans 7 pays en Afrique. Il a salué les efforts de la diaspora, qui selon lui, est en mission pour le pays. C’est pourquoi, pense-t-il, les Maliens de la diaspora sont des “soldats du développement’’ puisqu’ils sont prêts à travailler dans n’importe quelle condition. Elle apporte environ 3 milliards d’euro à peu près 7 à 8% du PIB du Mali. Son rêve, c’est de faire au Mali ce qu’il a vu dans les autres pays. C’est pourquoi, il incite la diaspora malienne à revenir investir au Mali pour relancer l’économie et le développement du Mali.
Levée des sanctions, un soulagement
Le Mali était dans un trou, selon Ibrahima Diawara face à la crise sécuritaire et les sanctions de la CEDEAO. Il a salué la résilience du peuple malien durant cette période difficile. ‘’Les entreprises ont énormément souffert avec la flambée des prix des produits alimentaires sur le marché, avec la rupture de stocks, des grands projets arrêtés, la coupure de financement, des licenciements et surtout les difficultés pour honorer les engagements envers les employés’’, a-t-il reconnu.
“J’ai eu de grands projets qui ont été arrêtés, où les financements ont été carrément coupés, mais nous n’avons pas voulu arrêter parce que c’était pour donner de l’eau à la population qui souffrait à Nioro, à Markala, à Sélingué, à Bougouni et à Kita’’, a-t-il indiqué.
Bousculade des migrants au Maroc
Ibrahima Diawara dit être “estomaqué’’ par ces images de nos frères qui ne sont en réalité pas des bandits, mais des victimes des conséquences de la pauvreté. ‘’Ces jeunes sont à la recherche d’un meilleur avenir parce qu’ils n’ont plus d’espoir’’ regrette-t-il. Il a déploré le silence des autorités et la société civile malienne sur ces événements intolérables venant d’un pays africain. “Il n’y a pas eu de condamnation ferme de cet incident’’, a-t-il dit.
Cependant, malgré cette situation, Ibrahima Diawara pense que le Mali à un bon avenir. “ Je vois le Mali de demain comme un pays où on peut mieux vivre’’, a-t-il émis ajoutant qu’avec le coton qui nous place au premier rang, on peut mieux faire pour améliorer le rendement et en tirer profit. Mais selon lui, il ne suffit pas d’avoir une jeunesse, il faut former cette jeunesse dans des métiers pour réduire le chômage et poser les bases de l’industrialisation au Mali.
“C’est du réel, du concret ; on peut faire 400% dans l’agriculture rien qu’en investissant 10 millions pour se taper 50 millions à l’hectare en melons et en pastèques. Le Mali importe le melon et de la pastèque d’un pays voisin qui n’a même pas de fleuve qui fait 4000Km pour nous importer et qui nous vend cher le kilogramme. C’est inacceptable, car le Mali est traversé par deux grands fleuves et nous continuons à importer la nourriture’’, regrette-t-il.
Diawara estime que c’est une honte et qu’il faut corriger ça. C’est pourquoi il a entrepris la formation des jeunes pour qu’ils puissent se lancer dans l’agriculture.
Kevin KADOASSO
Le Prétoire